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      번역, 차이의 글쓰기 - 말놀이 번역을 중심으로(Traduire, écriture basée sur le principe de différence) = La traduction des jeux de mots : du principe de contingence à celui de nécessité

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      다국어 초록 (Multilingual Abstract)

      Ce travail consiste à réfléchir sur la nature de l'écriture nommée “traduction” à partir de l'analyse de la traduction des jeux de mots relevés dans Zazie dans le métro de Queneau. En effet, les jeux de mots sont souvent invoqués en faveur de l’intraduisibilité tant par les praticiens que par les théoriciens : si cette acrobatie langagière sert aux premiers à excuser leur incompétence, elle sert aussi aux derniers pour étayer le mythe de l’intraduisibilité.
      Or, si une mauvaise traduction produite par un mauvais traducteur prouvait l’intraduisiblité, une bonne traduction produite par un bon traducteur prouverait la traduisibilité tout autant : qu’elle aboutisse à l’intraduisiblité ou à la traduisibilité, la tentative d’élucider la question à partir de tels facteurs contingents est nécessairement faible dans le raisonnement.
      Le lien inséparable entre langue et pensée, «les visions du monde», la différence foncière entre langues, etc. servent souvent d’arguments aux partisans de l’intraduisibilité. Toutes ces idées qu’ils avancent sont tournées vers la non-conformité entre langues et entre cultures. Si la traduction est considérée comme production du même texte, la traduction ne surmontera jamais cet obstacle, soit la non-conformité langagière et culturelle que les tenants de l’intraduisibilité imposent comme condition initiale ; dans cette optique, la traduction, une tentative irréelle de rendre l’impossible possible, apparaît naturellement une écriture vouée à l’avortement
      Cependant, l’argument pour l’intraduisibilité peut devenir aussi l’argument contre l’intraduisibilité. C’est justement la non-conformité de deux langue-culturesqui donne la raison d’être à la traduction. Si deux langue-cultures se superposaient exactement, il n’existerait aucun espace entre deux langue-cultures où le sujet traduisant pourrait s’introduire et où son activité traduisante pourrait se déployer.
      La traduction, cette écriture particulière, n’est pas fondée sur le principe d’identité ni sur le principe de répétition. La traduction des jeux de mots qui dénie le principe du même montre d'une manière dramatique et extrême que la traduction est une écriture née de la différence, celle entre la langue de ce côté et la langue de l’autre côté, celle entre la culture de ce côté et la culture de l’autre côté, celle entre l’auteur et le traducteur, deux sujets écrivants.
      Le sujet traduisant ne répète pas le texte de l’auteur. En pénétrant et en se faufillant dans l’espace informe entre deux langue-cultures marqué par la différence fondamentale, le sujet traduisant tisse brin par brin pour produire sa propre texture. Le texte traduit ainsi obtenu ne ressemble pas complètement à l’original ni ne diffère complètement de l’original.
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      Ce travail consiste à réfléchir sur la nature de l'écriture nommée “traduction” à partir de l'analyse de la traduction des jeux de mots relevés dans Zazie dans le métro de Queneau. En effet, les jeux de mots sont souvent invoqués en faveu...

      Ce travail consiste à réfléchir sur la nature de l'écriture nommée “traduction” à partir de l'analyse de la traduction des jeux de mots relevés dans Zazie dans le métro de Queneau. En effet, les jeux de mots sont souvent invoqués en faveur de l’intraduisibilité tant par les praticiens que par les théoriciens : si cette acrobatie langagière sert aux premiers à excuser leur incompétence, elle sert aussi aux derniers pour étayer le mythe de l’intraduisibilité.
      Or, si une mauvaise traduction produite par un mauvais traducteur prouvait l’intraduisiblité, une bonne traduction produite par un bon traducteur prouverait la traduisibilité tout autant : qu’elle aboutisse à l’intraduisiblité ou à la traduisibilité, la tentative d’élucider la question à partir de tels facteurs contingents est nécessairement faible dans le raisonnement.
      Le lien inséparable entre langue et pensée, «les visions du monde», la différence foncière entre langues, etc. servent souvent d’arguments aux partisans de l’intraduisibilité. Toutes ces idées qu’ils avancent sont tournées vers la non-conformité entre langues et entre cultures. Si la traduction est considérée comme production du même texte, la traduction ne surmontera jamais cet obstacle, soit la non-conformité langagière et culturelle que les tenants de l’intraduisibilité imposent comme condition initiale ; dans cette optique, la traduction, une tentative irréelle de rendre l’impossible possible, apparaît naturellement une écriture vouée à l’avortement
      Cependant, l’argument pour l’intraduisibilité peut devenir aussi l’argument contre l’intraduisibilité. C’est justement la non-conformité de deux langue-culturesqui donne la raison d’être à la traduction. Si deux langue-cultures se superposaient exactement, il n’existerait aucun espace entre deux langue-cultures où le sujet traduisant pourrait s’introduire et où son activité traduisante pourrait se déployer.
      La traduction, cette écriture particulière, n’est pas fondée sur le principe d’identité ni sur le principe de répétition. La traduction des jeux de mots qui dénie le principe du même montre d'une manière dramatique et extrême que la traduction est une écriture née de la différence, celle entre la langue de ce côté et la langue de l’autre côté, celle entre la culture de ce côté et la culture de l’autre côté, celle entre l’auteur et le traducteur, deux sujets écrivants.
      Le sujet traduisant ne répète pas le texte de l’auteur. En pénétrant et en se faufillant dans l’espace informe entre deux langue-cultures marqué par la différence fondamentale, le sujet traduisant tisse brin par brin pour produire sa propre texture. Le texte traduit ainsi obtenu ne ressemble pas complètement à l’original ni ne diffère complètement de l’original.

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